Jean Tinguely

A la fin des années 50, plusieurs artistes s'opposent à l'esthétique abstaite, gestuelle et matiériste qui caractérise la création française de l'époque. C'est alors que le mouvement du nouveau réaslime est fondé en octobre 1960 par le peintre Yves Klein et le critique Pierre Restany. C'est au cour de la première exposition en mai 1960 que le terme "nouveau réalisme" naît. Ce mouvement a été créé par les artistes eux-mêmes (Arman, Raymond Hains, Yves Klein, Jean Tinguely...) qui s'étaient rendus compte que leur démarche artistique était similaire : l'appropriation du réel qui ne vise non plus la représentation du réel mais sa présentation, "un recyclage poétique du réel urbain industriel, publicitaire" (de Pierre Restany).

Les artistes intègrent dans leurs oeuvres des éléments quotidiens, des matières concrètes (plastique,...), des objets du quotidien urbains comme industriels, ils en détournent souvent le message et mettent en avant les qualités plastiques des surfaces découvertes. Ils portent une réflexion critique sur la société de consommation et de communication de masse .

Jean tinguely, artiste plasticien suisse est en né le 22 mai 1925 à Fribourg et décédé le 30 août 1991 à Berne. Il commence son apprentissage de la peinture à l'école des Beaux-arts de Bâle puis s'installe à Paris en 1953 où il participe à des happenings internationaux avec Robert Rauschenberg. Dans ce cadre, il est confronté au groupe d’artistes les "Nouveaux Réalistes", formé sans contrainte, et participe dès lors à leurs expositions.

Mais c'est dès le milieu des années 40, que l'artiste débute son étude du mouvement dans l'espace en créant des machines, notamment des machines à dessiner ou à peindre, parodie en quelque sorte des peintures abstraites. Il les équipe de moteurs électriques, et les fait tourner à grand vitesse. Il s'oppose au lyrisme et prône un retour à la réalité, au concret par le biais de ses créations.

Dès 1954, sa première exposition individuelle est organisée à la Galerie Arnaud. Les machines fantaisistes de Jean Tinguely qui comprennent des éléments programmés dus au fruit du hasard et appelés "Métamatics" suscitent toute l’attention du public. Ce sont des machines destinées à la fabrication de dessins ou pouvant s’autodétruire. Ses constructions soudées avec des éléments en fer constituent une attaque ironique par rapport à l’ère technique et à son sens.

Il présente en 1959, à la Biennale de Paris, ses Machines à peindre, sortes d’insectes mécanisés capables de réaliser des peintures abstraites. La même année il réalise L’Hommage à New York, construction explosive qui s’autodétruit dans le jardin du MoMA à New York, illustrant ainsi sa pensée : « On s’en fout de l’art ». Car au-delà de l’art, ses « machines happenings » veulent être « quelque chose qu’on n’a pas vu auparavant », utilisant de vieilles ferrailles vouées au rebut et qui vont renaître au musée.

En 1960, Jean Tinguely signe avec Yves Klein, Arman, Raymond Hains, etc. la déclaration constitutive du Nouveau Réalisme. L’artiste jouit de la reconnaissance internationale.

Pour Tinguely "la nouvelle approche perspective du réel" passe par le moteur électrique et la machine. Il réalise avec Niki de Saint-Phalle, de nombreuses oeuvres en association et participe, de New York à Copenhague, à une suite de gigantesques "happenings" où ses constructions fument, explosent et s’autodétruisent.

L’artiste Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely se marient en 1961. Outre sa relation amoureuse avec l’artiste, une étroite collaboration les unit également dès lors. Tinguely installe la sculpture féminine "Hon" à passer au musée d’art moderne de Stockholm avec Niki de Saint Phalle en 1966. A New York, l’artiste participe la même année à l’exposition "The Machine" au Museum of Modern Art. Un an plus tard, Jean Tinguely est représenté à l’exposition universelle de Montréal. Ses "machines" sont montrées une nouvelle fois en 1968 au Museum of Modern Art à New York dans le cadre de l’exposition "Dada, Surrealism and their Heritage".

Le Museum of Contemporary Art de Chicago organise la même année la première rétrospective portant sur ses œuvres. En 1972-73 a lieu une rétrospective itinérante importante lancée à la salle d’exposition de Bâle. L’énergie de Tinguely reste intacte même dans les dernières années de sa vie. En 1980-81, l’artiste réalise la "fontaine Stravinski" à Paris avec Niki de Saint Phalle.

Tinguely réalise d’autres projets d’envergure dans les années 80, citons par exemple des expositions, des groupes de sculptures ainsi que des fontaines. Les travaux de l’artiste ont séduit le monde entier.